
Racontez-nous votre parcours…
Je n’étais pas du tout parti au départ pour devenir journaliste. Durant mon cursus en école d’ingénieur en agronomie, je pensais travailler dans un laboratoire de recherche ou dans une entreprise agroalimentaire sur la qualité. Mais progressivement, la presse s’est imposée à moi comme une évidence. J’étais attiré par l’écriture et la communication. Je faisais partie de différents clubs, cinéma, théâtre et je co-animais une émission sur une radio étudiante.
Le déclic est venu lors d’un stage à Paris dans une start-up, où je faisais à la fois du marketing, du commercial et du travail de journaliste dans le domaine agricole. Ce métier m’a passionné et j’ai décidé de poursuivre dans cette voie. J’ai travaillé ensuite à l’agence AGRA Presse, spécialisée dans la politique et l’économie agricole, puis j’ai intégré la rédaction du magazine L’Usine nouvelle. Durant huit ans, j’y ai couvert plusieurs secteurs successivement : le luxe, les loisirs, le textile, l’équipement de la maison, puis l’agroalimentaire et l’agriculture.
L’évolution marquante de votre métier ces 5 dernières années ?
Les réseaux sociaux ont pour moi marqué une étape importante ces cinq dernières années. Ils se sont progressivement imposés comme une source d’information immédiate, pas toujours fiable, mais à prendre en compte. Cela a obligé les titres de presse traditionnels et les journalistes à se positionner et être présents, sur Facebook et Twitter, bousculant leurs habitudes de travail.
Quel est votre meilleur souvenir professionnel ?
Avoir réussi à faire des reportages pour L’Usine nouvelle dans les usines et centres de recherches de groupes assez secrets comme LVMH, Lacoste, Yves Rocher et L’Oréal, pour faire découvrir leurs secrets de fabrication. C’était une belle victoire personnelle car ces groupes n’avaient pas l’habitude d’ouvrir facilement leurs portes aux journalistes. J’ai parfois dû œuvrer de longs mois pour les convaincre.
D’autres sujets m’ont particulièrement captivés et absorbés comme le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes et la faillite du fabricant d’électroménager Fagor-Brandt. C’est à chaque fois de grands moments d’actualités, à rebondissements, très prenants et passionnants. Enfin, la remise du Grand prix du journalisme agricole par mes confrères de l’Association française des journalistes agricoles (Afja) en 2016 a été pour moi un beau signe de reconnaissance sur mon travail et un excellent souvenir.
Votre plus belle interview ?
Je n’en ai pas une seule qui se détache mais plusieurs peut-être : Jean-Paul Agon, le PDG de L’Oréal, Eva Joly alors candidate à l’élection présidentielle, José-Luis Duran, le patron de Lacoste ou le très discret Marc Senoble, patron de l’entreprise agroalimentaire Senoble, interviewé à Bruxelles. C’était très intéressant de connaître et de partager à chaque fois les grandes idées et visions de ces dirigeants.
Vos plus beaux reportages ?
J’ai eu la chance de faire des reportages très intéressants dans plusieurs pays, où je ne serais pas forcément allé en tant que touriste. J’ai particulièrement été marqué par l’Egypte avant le printemps arabe, la Colombie, le Mexique, la Côté d’Ivoire mais aussi la Norvège. A chaque fois, j’ai découvert les réalités de ces territoires, que l’on ne montre pas aux touristes : les problèmes liés à la préservation des ressources naturelles, la nécessité de développer l’économie pour augmenter ou maintenir le niveau de vie des populations, les défis en matière de modernisation de la production industrielle ou agricole… Cela a été aussi l’occasion de réaliser de belles rencontres humaines.
Un conseil à partager aux attachés de presse ?
Bien connaître et cibler les journaux dans lesquels vous aimeriez que passe une information. Cela suppose de bien connaître les journalistes avec qui vous souhaitez travailler et de vous renseigner sur ce qu’ils font. Il ne sert à rien d’adresser des communiqués de presse et des relances à des journalistes qui ne suivent pas les sujets. Cela encombre les boites mails et au final, les bonnes infos peuvent se retrouver noyées sous des tonnes de mails que le journaliste n’aura pas le temps de lire.
Présentez-nous une journée type…
En dehors des déplacements pour des reportages, une journée type commence par la lecture de la presse écrite, avec des journaux économiques ou spécialisés et la lecture des mails. Puis l’on discute avec l’équipe et le rédacteur en chef de propositions de sujets et des articles en cours. Le reste de la journée est consacrée à l’écriture des articles, à la réalisation d’interviewes et à la prise de rendez-vous.
Un talent caché ?
L’écriture de livres sur les voitures anciennes. J’en ai écrit plusieurs, aux éditions ETAI, sur les marques Simca, MG, Rover, Austin et Triumph. Ce qui m’intéresse est de pouvoir raconter l’histoire d’un modèle ou d’une marque, resituée dans le contexte économique et politique de l’époque.
Un film préféré ?
Plusieurs films. Dans des genres très différents, ceux d’Alfred Hitchcock, particulièrement Psychoseet Les Oiseaux, François Truffaut, Claude Sautet et Henri-Georges Clouzot.
Un plat que vous aimez préparer ?
Je ne cuisine vraiment pas beaucoup, à l’exception de gâteaux, pour lesquels il s’agit un peu d’une recréation le week-end. J’aime bien reproduire les recettes que me faisaient mes grands-mères, gâteaux aux pommes ou à l’ananas et clafoutis.