10 questions à
Isabelle Francq

Chef de la rubrique Culture / La Vie

Racontez-nous votre parcours…

J’ai d’abord étudié la philosophie, puis la théologie. J’ai ensuite fait l’Institut français de presse. J’ai démarré mon parcours professionnel comme attachée de presse, aux éditions Lattès. En accompagnant des auteurs notamment en région, j’y ai découvert les médias locaux. J’ai ensuite rejoint France Culture, toujours comme attachée de presse, où je suis restée quatre ans.

Ça a été l’occasion de découvrir tout le panorama de la culture en France. Suite à une réorganisation, j’ai intégré Le Nouvel Obs pour lequel j’ai couvert le secteur de la télé puis de la radio, d’abord comme journaliste stagiaire, puis comme pigiste. Parallèlement, je me suis rapprochée du magazine l’Actualité des religions, où j’ai fait des sujets de société.

J’ai également travaillé avec Frédéric Lenoir sur une collection de livres sur les religions. De fil en aiguilles, j’ai fait un remplacement au magazine La Vie et après quelques projets, je suis devenue chef adjoint du service Religion. En janvier 2007, j’ai accepté le poste de chef du service culture qui s’était libéré !

Reprendre ce service, qui avait été un peu délaissé, m’a beaucoup intéressée. Peu à peu, j’ai pris contact avec les acteurs majeurs de la culture et à ma grande surprise, j’ai été très bien accueillie ! La Vie est le plus petit des grands hebdos mais très prescripteur.

Quelle est la tendance clé de l’évolution de votre métier ?

C’est de fonctionner avec des pigistes et non plus avec une équipe intégrée. Il n’y a plus véritablement de conférence de rédaction pour travailler la ligne éditoriale, le ton, le style, bref, ce qui nous différencie et qui nous démarque. Et ça, c’est la mort du journaliste. Ce qui peut sauver le métier, ce sont des identités et des subjectivités assumées. On vise une certaine forme d’objectivité, mais en culture, ce qui est intéressant, c’est de donner son point de vue.

Comment travaillez-vous avec
vos pigistes ?

J’ai créé un réseau d’environ 15 personnes, réparties dans plusieurs villes (Lille, à Lyon, Toulouse, Nantes). Plusieurs d’entre eux travaillent pour d’autres médias majeurs, ce qui ouvre des portes pour notre magazine. Par exemple, l’un de mes pigistes musique classique travaille pour le Figaro. Quand il rencontre des personnalités, il en profite pour leur poser des questions pour la Vie.

Grâce à cela, une année, nous avons par exemple réussi à avoir Cécilia Bartoli et Nathalie Dessay qui partageaient leur vision de Noël ! Je fais également travailler de jeunes pigistes, qui démarrent et qui m’apportent un complément. Je les rencontre tous une fois par mois et nous travaillons ensemble sur les sujets et je leur assure une forme de fidélité.

Si d’autres personnes qu’eux me proposent des sujets, même géniaux, je les refuse, sauf si c’est un sujet que personne ne suit. Donc, ils savent que je leur assure un minimum de volume de travail. En retour, ils contribuent à la réflexion sur ce que l’on propose. On est dans une forme de contrat de confiance, qui donne un esprit d’équipe.

Comment décrire la ligne éditoriale des articles culture de La Vie ?

Nous proposons des formats courts, millimétrés. Je tiens à ce qu’il y ait un maximum d’informations dans les papiers, qui doivent être accessibles à tout le monde, même aux petits enfants de nos lecteurs ! C’est un gros travail, sur lequel on a une vraie exigence d’écriture.

Nous les illustrons avec beaucoup de photos, pour créer de l’émotion. C’est d’ailleurs l’une des missions d’un hebdo. Si j’avais les coudées franches, j’accentuerais encore cet aspect. La culture donne une surface de réparation. On s’adresse à l’imagination, à la sensibilité des lecteurs. On donne à imaginer, à sentir, à voir. Il faut qu’il y ait des couleurs. Donc, on ne raconte pas tout mais on donne des sensations, avec un angle.

Des conseils de lieux où aller absolument ?

Je suis bluffée par la Philarmonie et la Villette en général. On est dans un environnement éminemment intéressant. Le dimanche, il y a une mixité sociale totale, une multitude d’activités qui y sont proposées, le tout dans une atmosphère harmonieuse. J’adore sortir d’un concert de musique classique avec une acoustique extraordinaire et me retrouver dans la ville qui pulse.

En région, Pompidou Metz ou le Louvre Lens par exemple sont des idées géniales. Mais la France est un pays exceptionnel, avec un accès extraordinaire à la culture, à Paris et en régions. Il y a un tissu culturel, associatif, une énergie et une créativité unique au monde. C’est même un problème pour moi, parce que je suis obligée de faire des choix. Mais c’est fantastique, profitons-en, réjouissons-nous !