10 questions à
Patrice Gascoin

Rédacteur en chef / WPA (Web Press Agency)

Racontez-nous votre parcours…

Tout a commencé en Normandie. J’ai grandi à Caen. Le déclic a eu lieu l’été post-Bac, juste avant mes 18 ans. Un ami en classe au lycée avec moi travaillait à Liberté de Normandie, au service des sports, un hebdomadaire départemental. Il partait faire des piges chez le grand frère, Ouest France. Il m’a proposé de le remplacer. C’est ainsi que je vois pour la première fois mon nom au bas d’un article dans le journal fin août 1987 ! Le hasard, ou le destin, a voulu que je découvre dans le même temps, dans Wind Magazine, auquel j’étais abonné, mon premier article avec mes photos. Je ne le savais pas encore, mais je venais d’être choisi comme correspondant pour la Basse-Normandie suite à une petite annonce parue quelques mois plus tôt.

A Liberté de Normandie, je remplaçais le chef des sports tous les week-ends et pendant les vacances. C’était une super école parce que j’ai appris à écrire vite sur des sujets où il n’y a pas toujours beaucoup de choses à raconter. Aller écrire 120 lignes sur un match de Division d’honneur entre les PTT Caen et Saint-Brieuc, à rendre une heure après le match (rires) !

Tout s’est toujours fait naturellement. Un jour, où j’étais le chef de sports par intérim à Liberté Normandie, le téléphone a sonné. RMC cherchait quelqu’un pour assurer le multiplex de football en direct de Caen. Banco, ce fut mes débuts à la radio.

C’est comme cela que j’ai nourri mon expérience professionnelle. Et cela a joué pour que je sois retenu à l’ESJ Paris. J’y ai fait Bac+3 ; faisant toujours beaucoup d’aller-retours avec la Normandie car j’écrivais beaucoup.

C’est grâce aux sports de glisse, et donc à Wind Magazine, que j’ai mis un pied dans le groupe VSD qui préparait un hors-série spécial glisse pour l’été. J’ai commencé à y faire des piges. TVSD n’étais pas loin, j’ai proposé des sujets TV à celle que je surnomme maintenant mon Grand Scarabée, Isabelle Morini-Bosc ; puis des sujets à VSD. J’ai commencé à faire des piges nationales, mes premières « Couv’ », pour VSD, mais également Femme Actuelle, Gala, Ca m’intéresse, Impact Médecin…

Puis l’armée a appelé… Aie. Comprenant que je n’y couperai pas, je suis allé voir le magazine de la Marine nationale, Cols Bleus. J’y ai fait mes 10 mois de service militaire et ce fut une chouette expérience !

Après cela, ce fut à mon tour, de mettre un pied dans mon quotidien de toujours, Ouest France ; en faisant des remplacements à Caen puis à Paris. Pour moi, c’était magique !

A l’époque j’étais un « killer de la pige », je n’arrêtais pas !

En 2000, grâce à Isabelle Morini-Bosc et François Tauriac, je suis rentré à TV Magazine. Le rédacteur en chef voulait alors m’embaucher. Mais comme je travaillais déjà en « multi support », print, radio, un peu de TV (sur MCM, puis La Chaîne Météo et Voyage), j’ai proposé de nous lier, TV Magazine et l’agence de presse que j’allais créer, WPA/Web Press Agency, toujours en vie à ce jour (rires).

Avec WPA, j’ai vite développé le côté création de contenus (textes et photos) et, petit à petit la vidéo, la production d’émissions pour la télévision. Du coup, pour bien scinder les choses, j’ai créé en 2003, WPA Productions pour produire des émissions souvent sur les thématiques voyage, cuisine, musique…etc (TMC, Motors TV, Voyage, Cuisine TV, RFM TV…) ; mais également pour de la vidéo corporate : par exemples la production, via leur agence de publicité, de la web tv de Citroën sur le mondial de l’automobile ; des contenus pour SFR ; la création d’une cinquantaine de reportages pour la région Languedoc Roussillon ; des belles vidéos pour les sites classés Unesco ; un clip avec 40 artistes pour La Voix de l’Enfant…

Je suis également très investi dans le « Réseau Normand », une association qui regroupe toutes les forces vives normandes partout en France et dans le monde. D’ailleurs, si certains nous lisent, je les invite à me contacter pour que l’on continue de tisser la toile de la diaspora normande !

L’évolution marquante de votre métier ces 5 dernières années

L’explosion d’Internet et surtout des réseaux sociaux. Avec l’hyper réactivité que cela implique et l’hyper connectivité. Il y a une accélération du temps. Personnellement, le fait d’avoir toujours travaillé en mode « multi-supports », cela m’a servi. Les réseaux sociaux sont aujourd’hui un média à part entière, avec ses codes à bien assimiler. L’expérience du journaliste, et sa capacité à imaginer du contenu éditorial ciblé et créatif, m’a permis d’apporter cette compétence en plus à des nouveaux clients.

Votre meilleur souvenir lié à votre activité ?

C’est difficile de n’en retenir qu’un ! Je préfère parler de ma dernière émotion. C’était dans France Bleu Midi Ensemble (ndr : tous les jours de 12.30 à 13.30 sur France Bleu) avec Daniela Lumbroso. Nous avons reçu le philosophe Alexandre Jollien. Dès l’instant où il est entré en studio, sans pouvoir l’expliquer, il m’a fendu l’âme, m’a ému. C’est un homme brillant ; qui propose une vision qui semble d’une simplicité biblique, mais qu’au final nous avons tous oublié, ou enfoui sous nos contraintes du quotidien. Je suis ressorti du studio totalement bouleversé.

Votre plus belle interview ?

Quand ça n’en devient pas une ! Une belle interview, c’est quand vous réussissez à créer un lien avec l’interviewé tel que cela devient presque une conversation. C’est une interview où il se passe quelque chose ; où l’atmosphère de l’interview physique se retrouve sur le papier ou à la radio-télé. Comme pour un long métrage, cela passe par une bonne préparation, un bon tournage, l’interview en elle-même, et un bon montage, à savoir le travail du ciseau pour « conciser » le tout sans dénaturer.

L’évènement que vous souhaiteriez couvrir avant la fin de votre carrière ?

Mes obsèques ! (rires) Sinon, le Festival de Cannes, mais dans la peau d’un réalisateur.

Un conseil à partager aux attachées de presse ?

Se renseigner sur le journaliste avant de l’appeler ! Parfois, ils/elles ne savent même pas ce que tu fais réellement, ou quel est ton support. Ca fait désordre !

Il faut intégrer qu’aujourd’hui il faut aller au-delà du communiqué de presse en étant force de proposition, d’angles, de thématiques ou d’intervenants.

Si vous n’aviez pas été journaliste, quelle autre profession vous aurait plu ?

Avocat. Le point commun, il faut raconter une histoire. Finalement, on reste dans la même lignée, celle faisant appel à une forme de communication et d’éloquence.

La personnalité qui vous inspire ?

Pour rester dans l’univers « entertainment », Fabrice Larue. Il est un magnifique exemple de réussite, celle d’un normand qui a eu plusieurs vies et qui est aujourd’hui à la tête de la holding Newen Content, l’une des plus belles marques « made in France » de l’audiovisuel.

L’endroit où vous partez en vacances pour vous ressourcer ?

La Normandie ! C’est mes terres, c’est un beau mélange entre la mer et le vert. Et, en bon normand, je suis plus à l’aise quand il fait moins de 30° (rires).

Une anecdote sur vous, un talent caché ?

Je suis tombé dans la marmite médiatique à l’âge de 18 ans, donc cette passion m’a très vite absorbée tout mon temps. Mais je peux vous confier qu’il m’arrive de prêter ma plume à d’autres pour des livres… Pour l’anecdote, il m’est même arrivé d’écrire la biographie d’une femme. Quand elle m’a dit, après avoir tout relu, qu’elle s’y retrouvait totalement, j’ai dû me résoudre à assumer définitivement ma part de… féminité (rires) !