10 questions à
Rodolphe Fouano

Pigiste / Challenges

Racontez-nous votre parcours…

A 16 ans, je me suis découvert une passion pour la littérature qui m’a conduit à étudier les Lettres en classes préparatoires, au lycée Henri IV notamment, puis à la Sorbonne où j’ai soutenu ma thèse de doctorat. J’avais commencé à enseigner et écrit déjà mes premiers articles dans le « Quotidien de Paris » de Philippe Tesson.

Lire, écrire dans les journaux, enseigner me semblaient composer une trilogie cohérente : j’étais dans les traces de Jacques Vingras, l’anti-héros du « Bachelier » de Vallès, roman dédié à ceux qui nourris de grec et de latin sont morts de faim… J’ai réédité des textes oubliés, de Mirbeau et de Maxime Du Camp. Puis, combinant mon intérêt pour le théâtre à mon engagement dans le journalisme, j’ai été rédacteur en chef de plusieurs revues spécialisées, parallèlement à ma collaboration à « L’avant-scène théâtre » qui perdure aujourd’hui encore.

Mes récents articles dans « Challenges » sur le tourisme, le bien-être, la gastronomie illustrent un élargissement de mes champs d’investigation journalistique.

Quel est votre meilleur souvenir lié à votre activité ?

La rencontre avec des personnalités attachantes. Il peut s’agir de « vraies » gens, mais j’ai souvent été touché de la confiance que m’ont manifestée certains interviewés célèbres, s’ouvrant de leurs difficultés ordinaires telles que leurs problèmes de… chauffage ou de santé. La « misère » est la chose du monde la mieux partagée !

Votre plus beau souvenir de voyage de presse ?

Ma découverte de Ouagadougou, peut-être, à l’occasion d’un festival de théâtre et de marionnettes, en 1997. L’obscurité en l’absence d’éclairage public m’a surpris. Une magnifique jeune femme m’a proposé de me guider, ce que j’ai accepté. Elle s’appelait Blanche, cela ne s’invente pas.

Un pays qui gagne à être connu ?

Le Vietnam. J’ai eu le plaisir d’y passer quelques mois en 2003. J’y ai découvert la combinaison de la chaleur et de l’humidité. De nombreux films de guerre ont montré l’enfer que ça a pu être. Les temps ont heureusement changé… La population est jeune, accueillante, curieuse, même si le pays se développe sur des contradictions sociales et politiques qui interrogent et peuvent inquiéter.

Un conseil à partager aux attachés de presse ?

Envoyer des dossiers plus ciblés, en identifiant mieux les supports mais aussi les compétences des intervenants au sein d’une rédaction.

La personnalité qui vous inspire ?

S’il n’y en avait qu’une ! En vrac : Sénèque, Molière, Racine, Proust, Hugo, Céline, Vallès, Calaferte…, et même François Mitterrand, notre Machiavel français !

Quelles sont les thématiques qui attisent le plus votre curiosité ?

Je suis d’une curiosité maladive : tout m’intéresse. Mais d’abord les gens. A chaque rencontre, j’essaie de comprendre comment l’autre fonctionne. D’où mon goût pour les entretiens. Et je trouve un intérêt aussi manifeste en parlant avec un soigneur dans un zoo ou une esthéticienne dans un palace qu’avec un chef étoilé, le patron d’un empire hôtelier ou un ministre…

Un talent caché ?

C’est là une question indiscrète qui entraînerait une réponse présomptueuse ! Si talent il y a, j’espère qu’il ne demeure pas trop caché… Lol. Disons, plus sérieusement, la capacité de m’adapter, le sens de l’empathie. Je suis un vrai caméléon !

Une anecdote sur vous

Je n’ai aucun sens de l’orientation, ce qui génère bien des déconvenues en voyage. Alors plutôt que d’essayer par mille astuces, souvent vaines d’ailleurs, de suivre un itinéraire raisonné, je choisis de me perdre, littéralement, en conservant l’adresse de mon lieu de séjour dans la poche. Une nuit, dans Séoul, je n’avais pas pris cette précaution et je m’orientais vaille que vaille sans perdre de vue les immenses enseignes lumineuses sur les toits des buildings. Soudain, elles se sont éteintes ! Le retour fut aussi difficile que la nuit courte…

Un film ou un livre préféré ?

Un film ? « Mort à Venise » de Visconti, d’après la nouvelle de Thomas Mann : Dirk Bogarde y est merveilleux de souffrance et de génie. Et pour le roman : « Voyage au bout de la nuit » de Céline. L’arrivée à New York par la mer est remarquable. Ces deux œuvres ne cessent de nourrir mon goût pour l’art et pour les voyages.