
Racontez-nous votre parcours et les début du blog
J’ai toujours été passionnée par la littérature et j’ai toujours beaucoup écrit. Après le bac, j’ai fait une prépa littéraire avant d’intégrer une école de commerce avec une seule idée en tête : voyager. Mon diplôme en poche, j’ai décidé de prendre un mois pour parcourir l’Indonésie à vélo en promettant à ma mère de chercher un travail juste après ! J’ai ouvert un petit blog sans aucune prétention pour que mes amis et ma famille puissent suivre mes aventures.
Et, très vite, je me suis prise au jeu. Le blog me permettait de me dépasser physiquement, d’aller au-delà de mes peurs (ascension de volcan, immersion en tribu, vol en parapente, toutes ces choses que sans mes quelques lecteurs, je n’aurai pas osé faire) et d’allier mes deux passions. Je suis rentrée en France pour quelques mois mais déjà, avec l’idée fixe de repartir, cette fois vers la Thaïlande et l’Australie.
A l’époque, beaucoup de personnes me demandaient pourquoi j’écrivais un blog. On était à peine une vingtaine en France sur le créneau voyage en 2010. J’avais la certitude que cela deviendrait un métier un jour. Il était idéal pour moi, alors j’ai foncé.
Présentez-nous une journée type…
Il n’y a pas de journée type dans le blogging et c’est ce que j’adore. En voyage, je me lève très tôt. Je commence souvent par me rendre au marché pour capter l’atmosphère des lieux et provoquer des rencontres. C’est là que je trouve mes meilleures adresses en général.
Marché de la Boqueria, Barcelone, 2014 ® Claudia / Lesbaroudeurs.fr
Ensuite, c’est un peu la course. Il faut beaucoup marcher, jongler avec les horaires d’ouverture des différents sites, ne pas rater les créneaux pour les bonnes lumières, manger, manger et encore manger et veiller à rester disponible pour la bonne personne, la conversation qui va enrichir le voyage. Je suis dehors entre douze et quatorze heures par jour. En rentrant à l’hôtel, il faut encore trier les photos, animer les réseaux sociaux et prendre quelques notes pour les futurs articles. Même si notre métier le fait croire, on est très très loin des vacances et on ne tient pas longtemps le rythme sans passion.
Et puis, il y a tout le temps où on ne voyage pas, pour le travail fait en base arrière : de longues heures de rédaction d’articles, de mise à jour du blog, de veille sur le tourisme, de dialogue avec ses partenaires, son SEO, son développeur, son designer, etc. C’est un aspect que la plupart des gens ne soupçonnent pas mais derrière chaque blog se cache aujourd’hui une petite entreprise.
Votre meilleur souvenir lié à vos voyages ?
C’est la question que je redoute le plus dans les interviews. Chaque fois que je pars, je me dis que j’ai une chance extraordinaire. Certains voyages m’ont marquée par les paysages, la connexion à la nature, d’autres par les rencontres. Mais si je ne devais ne citer qu’un moment, je crois que ce serait le survol du Cœur de Voh en ULM. C’était un moment incroyablement intense de voir la Terre vivre d’en haut, les raies mantas rejoindre la mangrove par le lagon. C’est une explosion de couleurs et de sensations. Gilbert, le pilote qui m’accompagnait m’avait juré que je ne l’oublierai jamais. Ça fait bientôt trois ans et il ne s’était pas trompé.
Survol du Cœur de Voh, Nouvelle-Calédonie, 2014 ® Claudia / Lesbaroudeurs.fr
La personnalité qui vous inspire ?
J’aime beaucoup les récits de voyage de Bernard Ollivier pour leur sincérité, Bill Bryson pour son humour décalé et la façon dont il trace le portrait de toute une société. Mais s’il ne fallait en choisir qu’un, ce serait Ibn Battuta, un explorateur arabe qui a parcouru plus de 120 000 kilomètres au XIVème siècle…Mais il y en a tant d’autres. Aujourd’hui, je regarde attentivement ce que fait Corentin de Chatelperron. Son projet autour du low-tech, Nomade des Mers, est incroyable et pour moi, c’est l’image de l’explorateur moderne.
L’endroit où vous partez en vacances pour vous ressourcer ?
Mon idée des vacances a beaucoup changé depuis que je suis bloggeuse. Avant, je cherchais principalement des vacances défis, souvent autour d’un sport. Maintenant, je privilégie les petits villages, où il a très peu de choses à visiter et si possible avec une très mauvaise connexion Internet ! La Corse, la Bretagne, le Périgord sont des endroits idéaux pour moi. J’en profite pour ralentir le rythme et profiter pleinement des paysages, ce que j’ai rarement le temps de faire lorsque je suis en blogtrip. Je suis devenue assez casanière paradoxalement. Pouvoir profiter de mon appartement parisien est assez rare alors dès que je peux, j’en profite au maximum.
Ralentir le rythme, Saint-Malo, 2016 ® Claudia / Lesbaroudeurs.fr
Un talent caché ?
Je suis la reine du tajine du citron mais je préfère ne pas trop l’ébruiter…
Une passion ?
L’écriture et encore l’écriture. J’ai eu la chance d’écrire ma première pièce de théâtre cette année (« Encore moins qui écoute » N.D.L.R.) et de la voir jouer sur scène a été une émotion indescriptible.Je travaille en ce moment sur un roman et sur un projet d’ateliers d’écriture. C’est vraiment mon fil directeur : écrire et transmettre.
Un film préféré ?
Beignets de tomates vertes ! Je me souviens l’avoir vu pour la première fois quand j’étais toute jeune avec ma mère et tout me touche dans ce film : les portraits de femmes si justes, l’importance de l’irrévérence, de la colère même parfois et cette idée que, quoi qu’il arrive, notre vie nous appartient.
Un conseil à partager avec les agences ?
Privilégiez la qualité aux chiffres. C’est si facile d’acheter des followers, de gonfler des likes Facebook avec de la publicité payante qu’il n’y a plus réellement d’enjeux de ce côté-là pour moi. Il y a tellement de blogueurs qui travaillent bien aujourd’hui (qui sont drôles, créatifs, doués en photographie ou qui proposent de véritables récits de voyage) qu’il est dommage de ne pas faire appel à eux en s’arrêtant aux chiffres.
Informez les clients qu’ils sont également porteurs de leur campagne et qu’il est important qu’ils la relayent. Cela arrive souvent que nos articles et photos réalisés lors d’une campagne ne soit partagés par les marques ou les destinations sur leurs réseaux sociaux et c’est tellement dommage pour eux comme pour nous.
Enfin, n’hésitez pas à échanger avec les blogueurs. Ce dont ils ont quasiment tous envie, c’est de créer des voyages sur mesure avec les agences, qui vont réellement plaire à leur communauté et avoir un impact.