
Racontez-nous votre parcours…
J’ai fait des études de journalisme à l’école Celsa, ensuite j’ai passé cinq ans à la rédaction du plus grand hebdomadaire économique en France de l’époque, Le Nouvel Economiste à Paris. Puis, pour éviter de faire le service militaire, je suis parti à Londres en tant que correspondant à mi-temps pour le Nouvel Economiste et j’ai aussi travaillé pour Challenges, Management, Le Journal de Genève et beaucoup de magazines économiques. En 1999, j’ai tout lâché pour réaliser le rêve de ma vie : faire le tour du monde. J’ai parcouru 23 pays en l’an 2000. Puis je suis parti vivre cinq ans en Australie en étant correspondant pour beaucoup de journaux, dont Le Monde pour qui j’écrivais plus d’une centaine de papiers chaque année, Le Point et l’Express entre autres.
Cela fait désormais 12 ans que je vis à Munich en Allemagne et que je travaille pour la presse économique et professionnelle.
L’évolution la plus marquante de votre métier ces 5 dernières années ?
Des rédactions avec moins de gens, qui bossent plus qu’avant, beaucoup moins d’argent, donc plus de frais de reportages. Les tarifs de piges n’ont pas été augmentés depuis 15 ans. Les journaux sont beaucoup moins épais, les rédactions prennent beaucoup moins de sujets. Certaines rédactions ont même carrément arrêté de faire appel à des pigistes. J’ai par exemple des clients qui me commandaient trois papiers par semaine et qui ne commandent désormais que deux papiers par an, bien que je sois toujours officiellement leur seul correspondant.
Les thématiques qui attisent le plus votre curiosité ?
Ce que j’aime dans ce métier c’est que l’on fait toujours des choses différentes. J’ai la chance de travailler pour de nombreuses rubriques, politique, société, tourisme, sport et de nombreux canards. Ce que j’aime avant tout, et c’est la base de mon métier, c’est de raconter des histoires et de rencontrer des gens intéressants.
L’évènement que vous souhaiteriez couvrir avant la fin de votre carrière ?
J’aimerais bien plonger au milieu des milliers de requins marteaux aux Galapagos. Cela fait partie de ma « bucket list ».
Un conseil à partager aux attachés de presse ?
Bien connaître les magazines. Ne pas juste balancer les mêmes sujets à tout le monde, parce que les médias en règle générale ne sont pas intéressés par les mêmes choses. Donc bien lire les journaux, les sites web, regarder la télé, écouter les radios et comprendre ce qu’ils recherchent pour bien angler les sujets proposés.
Un pays qui gagne à être plus connu ?
L’Ethiopie, dont je suis tombé sous le charme. Il y a de tout ! Les gens sont intéressants, il y a des églises chrétiennes enfouies sous la terre qui n’existent nulle part ailleurs, des volcans en activités, des déserts de sel, on change de paysages toutes les deux heures, il y a des singes sauvages géants parmi lesquels on peut se promener. C’est hallucinant ce qu’il y a à faire dans ce pays relativement petit. Parmi tous les pays sous-développés sur la terre, c’est le pays le plus propre que je n’ai jamais vu de ma vie, on mangerait par terre ! Les gens n’ont rien et vivent dans des cases en pisé, mais elles sont d’une propreté absolue. C’est un pays qui est « safe », pas loin, pas cher et sans décalage horaire.
L’interview que vous auriez-vous rêvé de réaliser ?
Celle de Mandela ! J’ai failli le faire et ça n’a pas marché, j’étais vert !
Un talent caché ?
Non. J’aime bien la plongée mais je n’ai pas de talent caché.
Aimeriez-vous ajouter quelque chose sur le métier de journaliste ?
C’est un métier formidable, bien que de plus en plus difficile à faire. Cela fait 30 ans que j’adore ce métier, bien que l’on n’ait plus le temps de le faire bien. Nous n’avons plus le temps de voyager, de rencontrer des gens, tout se fait par téléphone, beaucoup trop vite, et il n’est pas aisé de faire des enquêtes et des reportages.