
Racontez-nous votre parcours…
J’ai 46 ans, je collabore régulièrement pour les magazines « IDEAT » et « Voyages d’Affaires », les guides Hachette et je suis également diffusé par l’agence photo Hemis. J’ai commencé la photo il y a vingt ans en studio. En revenant de mon service militaire, j’ai décidé d’en sortir pour parcourir le monde, je me suis donc spécialisé pour la presse tourisme et art de vivre.
L’évolution la plus marquante de votre métier ces 5 dernières années ?
Au début de ce siècle, le monde de la photo a été bouleversé par la grande révolution d’internet. En quelques années, nous sommes passés d’une concurrence nationale à une concurrence internationale, avec des prix forcément à la baisse.
Le numérique nous a également fait du tort. Tout le monde s’est improvisé photographe. Même si les résultats techniques sont souvent bluffant, rien ne remplace l’œil d’un pro pour la composition de l’image et l’optimisation de la lumière !
Nous avons également subi la crise dans la presse avec un volume de commandes à la baisse et la montée en puissance des images libres de droit ! Tous ces éléments ont tiré le marché vers le bas. C’est devenu un modèle économique. Quand nous sortirons de la crise, les gens vont racheter par exemple des voitures mais les rédactions ne vont pas produire plus ou payer davantage.
La plupart des photographes doivent s’adapter au marché en travaillant pour l’édition, en vendant des tirages, en donnant des cours, en faisant de l’institutionnel ou de la communication voire le tout combiné !
Votre plus beau reportage ?
Alors que je fais plutôt des destinations urbaines, une de mes plus grandes claques fut l’Islande, il y a une dizaine d’années.
A 3h00 de Paris, on arrive dans cette île qui est brute de décoffrage, avec des paysages à couper le souffle et d’une grande variété ! On passe de falaises semblables à celles d’Etretat (sauf que celles-ci sont noires en raison de la terre volcanique), à une coulée de lave millénaire couverte de mousse à 10 kilomètres de là pour finir en fin de journée face à un glacier de la taille de la Corse. Les paysages islandais sont extrêmement forts et époustouflants, on se sent tout petit dans cette nature.
Un pays qui gagne à être plus connu ?
Etant curieux de nature, c’est une question à laquelle il m’est difficile de répondre !
Ce qui est dommage en France c’est qu’à l’inverse de certains pays anglo-saxons, les rédactions ont très peu de moyens et ont donc forcément besoin des Offices de Tourisme, tour-opérateurs, compagnies aériennes pour réaliser des reportages. Il y a donc plein de destinations que nous voyons très peu dans la sphère médiatique, car soit il n’y a pas de lien historique, ou bien les pays en question n’ont pas les moyens de faire leur promotion. Nous tombons donc bien souvent sur les mêmes destinations.
Par exemple en Afrique, à part le Maghreb, l’Egypte, le Sénégal, le Kenya, l’Afrique du Sud et la Namibie, les autres pays font très rarement parler d’eux, hormis dans les magazines très spécifiques type « Géo ».
Un conseil à partager aux attachés de presse ?
D’un point de vue de photographe, j’aurais plutôt un conseil à transmettre à leurs clients.
Certains ne sont parfois pas assez conscients de l’impact et de l’importance des photos de qualité. Nous sommes dans un monde de » zapping » où notre attention est de plus en plus visuelle car le temps presse. Quoi de mieux qu’un beau visuel impactant pour alpaguer un journaliste (via les communiqués de presse et les dossiers de presse) ou un futur client ?
A titre personnel, quand je choisis un hôtel, je vais directement dans la galerie photos, et il n’y a rien de plus déplorable que d’être dans un lieu haut de gamme qui ne prend pas la peine de produire des visuels de qualité, ça dénote un manque d’attention au souci du détail et du perfectionnisme, qui sont des éléments de rigueur pour ce type d’établissement.
Si vous n’aviez pas été photographe…
Je me serais sans doute dirigé vers l’univers de la cuisine ou du design.
Les thématiques qui attisent le plus votre curiosité ?
Eternel curieux, beaucoup de choses attisent mon intérêt au quotidien. C’est d’ailleurs ce que j’aime aussi dans les voyages : ouvrir mon horizon à d’autres cultures, paysages, cuisine, paysages, mentalités… En tant que photographe, je suis forcément séduit quand il y a tous ces aspects réunis. Cela me donne plus de « matière première » pour travailler !
Par exemple au Maroc, nous avons à la fois une cuisine extraordinaire, un artisanat incroyable, des paysages sublimes, une gentillesse incroyable… C’est du pain béni à titre personnel et professionnel ainsi que pour le contenu rédactionnel.
Votre meilleur souvenir lié à votre activité ?
C’était en 2009. J’ai fait la couverture du Figaro Magazine, pour un sujet » Week-end en France « , avec une photographie d’archive prise à Cayeux-sur-Mer lors d’un week-end perso. A l’époque, je réalisais 99% de mes photos à l’étranger donc c’était assez amusant de voir que la photo choisie avait été sélectionnée parmi mes photos de » vacances « .
Un talent caché ?
La cuisine !
Une passion ?
Je pourrai dire mon métier, mais ce serait trop facile ! Je suis un fan de cuisine, j’aime y passer du temps. Plutôt la cuisine salée, qui ouvre plus de portes à la créativité et à l’originalité que la cuisine sucrée, où il faut suivre une recette avec des mesures très précises.